samedi 25 octobre 2014

Under the Dome, Hawaii

Trois femmes et trois hommes sont enfermés depuis une semaine et pour huit mois dans un dôme isolé à Hawaii. 

Leur mission

Préparer pour la NASA les futurs astronautes à vivre harmonieusement pendant un long périple vers Mars.
"On ne comprend pas encore complètement tous les risques psychologiques et les moyens de les éviter et la Nasa n'entreprendra pas de mission vers Mars tant que cela ne sera pas résolu", explique à l'AFP Kimberly Binsded, professeur de sciences informatiques à l'Université de Hawaii.
La NASA envisage le premier vol habité vers la planète rouge pas avant les années 2030, une mission d'au moins deux ans.
Kimberly Binsded est la principale responsable de cette expérience financée par l'agence spatiale américaine, menée dans le cadre du programme du "Hawaii Space Exploration Analog and Simulation", aussi appelé Hi-Seas.
Deux précédentes expériences avec également six volontaires, mais d'une durée de seulement deux et quatre mois, ont déjà eu lieu au Hi-Seas pour étudier l'alimentation, la préparation des repas et "l'ennui" suscité par le fait de toujours manger un peu la même chose.
Une dernière mission d'un an avec six autres personnes est prévue à partir d'août 2015.
La grand danger est le sentiment d'être isolé, ce qui peut conduire à la dépression et au dysfonctionnement du groupe contraint de vivre ensemble dans un espace restreint pendant une longue période et sans possibilité d'y échapper, ajoute la professeur Binsded.
De plus, vu la distance de Mars à la Terre, le temps des communications est long, jusqu'à vingt minutes dans les deux sens, ce qui complique le travail de l'équipe de contrôle sur la Terre pour aider et soutenir les astronautes en cas de crise, rappelle-t-elle précisant que cette mission se concentre sur "la cohésion de l'équipage et ses performances".
"C'est également le premier équipage du Dôme qui passera des fêtes importantes comme Thanksgiving, Noël et le Nouvel an. Il sera intéressant de voir comment leur moral en sera affecté", relève la scientifique.
Les chercheurs expliquent qu'ils ont cherché à recruter des personnes - ils ont reçu 150 demandes pour cette expérience - dont le profil est proche de celui d'un astronaute, que ce soit pour les qualifications professionnelles que pour les traits psychologiques.
Huit minutes de douche par semaine...
Le type de personnalité recherchée est celui de "quelqu'un avec des nerfs solides, de nature optimiste et qui se distrait aisément". "Les grands émotionnels" sont écartés d'emblée, soulignent-ils.
L'équipe a retenu la formule d'un nombre égal de femmes et d'hommes mais aurait pu aussi bien choisir d'avoir quatre hommes et deux femmes ou l'inverse, mais pas une seule femme ou un seul homme, est-il souligné.
Les membres du groupe sont assez jeunes, âgés de 26 à 38 ans, mais des personnes plus âgées ne sont pas rejetées pour autant. Ainsi, un des remplaçants a plus de 50 ans.
Les six volontaires disposent chacun d'une très petite chambre, juste la place d'un lit simple, d'une chaise et d'un mini-bureau.
Au total, le dôme fait 10 mètres de diamètre pour une superficie de 140 mètres carré sur deux niveaux. Il est installé à 2.400 mètres d'altitude sur le volcan Mauna Loa, dont le sol rappelle celui de Mars.



Le courrier électronique est le seul moyen de communication avec l'extérieur. Les transmissions sont retardées vingt minutes pour simuler la situation sur Mars.
Ils n'ont droit qu'à huit minutes de douche par semaine et ne peuvent pas sortir à l'extérieur du dôme sans être dans un scaphandre spatial qui simule celui que porteraient des astronautes sur Mars, mais sans le système de maintient des fonctions vitales.
Les six participants, cinq Américains et une Canadienne, doivent faire quatre sorties par semaine de deux heures chacune pour mener des expériences scientifiques comme ils le feraient sur la planète rouge.
Le groupe est formé d'un ingénieur aérospatial de la Nasa, de deux étudiantes, dont une prépare sa maitrise d'ingénierie et l'autre son doctorat, d'un microbiologiste, d'un ingénieur des matériaux composites et d'une spécialiste des piles photovoltaïques qui cherche à monter son entreprise.
Cette dernière, Martha Lenio, une Canadienne de 34 ans, est le leader de l'équipe, retenue pour être le commandant de bord.
"Ils vont être soumis à toute une batterie de différents tests psychologiques pour sonder leur humeur, comment ils se comportent les uns avec les autres et examiner leurs capacités cognitives et comment ils changent au cours de cette expérience", a précisé la professeur Binsted.
Un remake américain de Mars 500 ?

Achevé en 2001, Mars 500 était un programme expérimental russe simulant sur Terre les conditions rencontrées par un équipage lors d'une mission aller et retour vers la planète Mars
L'objectif était d'analyser les répercussions physiologiques et psychologiques d'un voyage de plus de 520 jours dans un espace restreint coupé du monde extérieur. Mars500 est organisé par l'Institut des problèmes bio-médicaux, (IBMP) de l'Académie des sciences de Russie avec la participation de l’Agence spatiale européenne (ESA) et l'Agence spatiale fédérale russe(Roscosmos).
Mars500 avait été précédé d'une première expérience d'isolement d'une durée de 105 jours, menée d'avril à juillet 2009.Elle avait permis de préparer Mars500 qui a démarré le 3 juin 2010. Mars500 a reproduit les conditions rencontrées durant un vol spatial habité hormis l'absence de gravité et les radiations qui constituent des problèmes majeurs pour la mission réelle. 

Les deux expériences se sont déroulées à l'IBMP dans une installation isolée du monde extérieur reproduisant les parties habitables d'un vaisseau spatial, celles d'une navette de débarquement sur Mars ainsi qu'une petite fraction du sol martien. Les six participants ont été sélectionnés parmi des candidats de plusieurs pays après avoir passé une batterie de tests destinés à écarter les personnes ayant des caractéristiques psychologiques incompatibles avec l'épreuve. Les membres de l'équipage, trois Russes, un Italo-Colombien, un Chinois et un Français, ont du vivre et travailler de façon autonome dans cette installation constituée de plusieurs modules reliés entre eux. 

L'expérience est arrivée à son terme, sans incident grave connu, le 4 novembre 2011.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire